Le jeu de tête par le « baby foot »

Le jeu de tête est souvent compliqué à construire chez le joueur de football. La difficulté de ce geste est dû au fait qu’il s’agit d’une action spécifique au football (pas de jeu de tête dans d’autres activités sportives) donc pas de possibilité de transversalité avec les autres sports. Il existe d’autres facteurs limitant l’efficacité du jeu de tête :

– le fait de faire un duel peut-être source d’appréhension pour un joueur. Par conséquent, lorsqu’il s’agit d’un duel aérien cette appréhension peut-être encore plus inhibitrice.

– manque de précision de la passe / remise de la tête : viser des zones au sol, verticales. travailler par deux en augmentant progressivement la distance.

– manque de puissance de la passe de la tête : travailler sur « l’armé / frappé », travail de renforcement.

– manque de tonicité musculaire de la sangle abdominale pour l’  » armé / frappé » : travail de renforcement, de gainage (à partir des U13 en insistant sur des postures sécuritaires puis en augmentant l’intensité avec l’âge).

– manque de puissance pour l’impulsion : travail de bondissements horizontaux et verticaux. En augmentant la hauteur et la longueur des sauts. Ce travail se fait progressivement à partir des U13.

– Crainte du duel aérien : proposer des exercices avec différentes formes de lutte partant de la lutte au sol jusqu’à la lutte aérienne. Vous pouvez jouer également sur la forme d’opposition afin d’augmenter progressivement la difficulté : technique analytique sans opposition, opposition raisonnée avec un adversaire augmentant son degré d’adversité pour aller à une opposition réelle. Vous pouvez imposer un temps de retard au défenseur pour faire travailler l’attaquant.

– problème de timming : travailler sur la course d’élan, sur l’impulsion (un pied et deux pieds), frapper le ballon avec une course d’élan ou à l’arrêt.

Pour travailler le jeu de tête en école de football, il faut y aller par étapes. La dimension technique devra prendre le dessus sur la dimension physique (la technique sera un pré-requis avant le physique) dans un premier temps.

Le travail de jonglage / jonglerie de la tête peut (et doit) être la base, le début du travail de jeu de tête. Voici, enfin les consignes et les variables sur lesquelles jouer pour travailler le jeu de tête :

– la passe : distance du passeur, type de trajectoire de passe, passe à la main ou au pied, utilisation de la potence pour frapper le ballon à l’arrêt.

– avant la frappe : analyser, la course d’élan, l’utilisation / le placement des bras, l’impulsion un pied ou deux pied, occupation de l’espace, gestion du duel (placement par rapport à l’adversaire, la notion de « corps obstacle », le timming, l’analyse de la trajectoire.

– pendant la frappe : utilisation des bras, « armé / frappé », zone d’impact (le front), le timming.

– après la frappe : type de passe ou renvoie ( déviation latérale ou dans la profondeur, passe vers l’avant), zone de renvoie / passe / frappe (viser le but, un espace, une cible, un joueur, une zone,…).

– statut du frappeur : je fais un jeu de tête défensif (renvoie dans une zone, un espace, un joueur) ou je fais un jeu de tête offensif ( déviation, remise, frappe au but).


Conserver pour progresser face à une défense basse (Enrique, F.C. Barcelone)

Dans le football, attaquer et être efficace collectivement sur le plan offensif est bien souvent difficile à mettre en place. Attaquer en « attaque placée » face à une défense en barrage ayant un « bloc équipe » bas ou très bas est souvent très compliqué. Luis Enrique version catalane nous offre une situation de conservation du ballon pour trouver des solutions face à une défense basse.

Les problèmes rencontrés par une défense basse sont le peu d’espaces libres entre les lignes et le peu d’espace dans le dos de la défense.

Pistes de travail 

Prôner l’alternance des formes de déclenchement d’attaques (sur les côtés, frappe, forme de jeu,…).

Utiliser les côtés grâce à l’apport des latéraux afin d’amener un surnombre et plus d’incertitude chez l’adversaire.

Frapper de loin afin de faire sortir le « bloc équipe » adverse ce qui permettre d’augmenter l’incertitude chez l’adversaire.

Faire sortir le bloc adverse en faisant ressortir le ballon par les défenseurs. Cela permettra d’augmenter soit l’espace dans le dos des défenseurs (si le « bloc équipe » sort) soit l’espace libre entre les joueurs les lignes (si le bloc ne monte pas, ne reste pas compact).

Alterner le jeu court et le jeu long pour chercher à contourner le bloc, prendre un temps d’avance, augmenter l’incertitude.

Choix du profil de vos joueurs suivant une option tactique : si la défense adverse est base pendant tout le match il faudrait plutôt privilégier les joueurs à l’aise dans les petits espaces (bons techniciens) et des joueurs de tête dans la surface plutôt que des joueurs « dévoreurs » d’espaces.

Jouer sur les déplacements Dé-zonage, décrochage des joueurs axiaux (n°9 et n°10) pour faire sortir les défenseurs centraux adversaires pour prise de l’espace libre laissé dans le dos des défenseurs centraux adverses.

Consignes de la situation

« Missionner la défense pour faire travailler vos attaquants »

Pour l’équipe qui attaque à 10 contre 9 est libre en nombre de touches de balle. Pour marquer un point, l’équipe qui attaque doit rentrer dans l’en-but (les 16m) par une prise de balle suite à une passe ou avec une conduite de balle. Vous pouvez également mettre un gardien de but pour finir. Ainsi, l’objectif sera de conserver / progresser / finir face à une défense base. Les joueurs doivent se déplacer, décrocher entre les lignes adverses.

Pour l’équipe qui défend : La longueur du terrain est divisée en trois zones, les lignes de force (défense, milieu, attaque) doivent rester dans leur zone.

Pour les deux équipes : Mettre en place un système de jeu. Assurer les transitions offensives / défensives.

Côté défensif, ce type d’exercice vous permettra de travailler le coulissement dans la largeur, le respect des lignes de force (défense, milieu, attaque), la couverture mutuelle entre les joueurs d’une même ligne.


Conserver pour augmenter les espaces/intervalles chez l’adversaire

Il peut-être difficile de trouver des situations pour faire comprendre à vos joueurs qu’il est intéressant et bénéfique d’élargir au maximum l’ Espace de Jeu Effectif (EJ.E) collectif. L’objectif sera de chercher à augmenter les espaces, les intervalles en les adversaires sur le terrain afin de créer des espaces libres. en respectant certaines règles :

– les arrières latéraux « mordant » au maximum la ligne de touche et prenant toute la longueur du terrain (ce qui demande un gros volume de course).

– les défenseurs centraux sont en soutien des défenseurs latéraux. Des défenseurs centraux s’espaçant de 25 à 30 mètres lorsque l’équipe n’a pas le ballon. Des défenseurs centraux se resserrant à 10- 15 mètres à la perte du ballon avec ou sans couverture mutuelle.

– un trinôme de joueurs au milieu de terrain (un n°6 et deux n°10 « pointe arrière » ou  deux n°6 et un n°10  » point avant ») coordonnant leurs déplacements afin de se démarquer, de créer des espaces libres. L’objectif d’élargir l’E.J.E (définition dans d’autres article) sera « d’étirer » le bloc adverse dans la largeur et la longueur afin de progresser vers le but adverse en créant des espaces libres afin que les non porteur de balle puissent se déplacer, se démarquer. Afin d’optimiser, vous pouvez mettre en place un système de jeu (dans le  vidéo le 4-3-3 ou le 4-2-3-1)

Comptage des points 

– pour l’équipe qui conserve le ballon (possibilités) : 10 passes de suite = 1 point ;  si chaque joueur touche le ballon lors d’une phase = 1 point ; lorsque les 4 zones latérales sont « touchés » = 1 point ;  1 point lorsque l’on « touche » le n°6 ;  1 point lorsque l’on « touche » le n°8 ou le n°10. Evidemment, il faut faire un choix, vous pouvez pas faire toutes ces règles. Choisissez vos règles de points en fonction de vos attentes.

– pour l’équipe qui récupère le ballon (possibilités) :

Soit une conservation pour conserver : Si grosse infériorité, 1 point par passe. Si petite infériorité, 1 point pour 5 passes d’affilées. Si égalité numérique, 1 point pour 10 passes d’affilées.

Soit une conservation pour progresser : en faisant un « stop-ball », en marquant dans un « embut », un mini-but dans une ou plusieurs zones vers l’avant.

Soit une conservation pour progresser et finir : (comme sur la vidéo) en récupérant et jouer rapidement vers l’avant afin de marquer un but avant que l’équipe adverse se soit remplacée en barrage.

Variables complexifiantes ou simplifiantes  pour vous adapter

– Nombres d’adversaire au centre du terrain : de 0 à 9 adversaires suivant la difficulté que vous souhaitez proposer à l’équipe qui conserve.

– Nombres de joueurs coéquipier au centre du terrain : de 0 à 3 joueurs suivant vos attentes.

– Nombre de touches de balle : de 1 touche à jeu libre. Vous pouvez également différencier le nombre de touche de balle entre l’équipe qui conserve et celle qui doit récupérer le ballon.

– Espace de jeu : vous pouvez joueur sur la largeur et / ou la longueur du terrain suivant vos attentes, les capacités de vos joueurs.

– Rôle du gardien : Vous pouvez intégrer ou non votre gardien dans la phase de conservation.

– Intégrer la phase de transition offensive / défensive et défensive / offensive : Pour travail cela vous pouvez mettre une réserve de ballons proche de vous en donnant quand vous le voulez à l’équipe qui défend afin que celle-ci puisse marquer le plus rapidement.

Progression possible 

Commencer par de la technique sans adversaire avec du jeu en 2 touches de balle à 6 joueurs (n° 2-3-4-5-8-10) dans le rectangle extérieur. Puis ajouter le n°6 qui permettra de créer une multitude de triangle de passes potentielles.

Puis,vous pouvez passer par de la phase tecnico-tactique et ses variables (comme sur la vidéo).

Enfin Vous pouvez adapter ce sujet sur un jeu réduit à thème.


Appréhender le duel chez les jeunes (Ajax Amsterdam)

Bien souvent chez les jeunes footballeurs, le « duel » est synonyme de crainte, d’appréhension ou de non maîtrise technique (amenant des soucis de sécurité). Afin de dédramatiser le duel, vous pouvez utiliser le coté ludique comme le montre cette vidéo tournée à l’académie de l’Ajax Amsterdam.

Sur cette vidéo, vous pouvez proposer différentes variables en jouant sur la zone d’impact torse contre torse (comme sur la vidéo) ou épaule contre épaule (en alternant épaule gauche et droite). Autre variable possible si vos joueurs ont quelques craintes, vous pourrez utiliser du matériel afin d’amortir l’impact (plastron, swiss ball,…). Pour une question de sécurité, dans les consignes de début d’exercice, demandez à vos joueurs de pencher tout les deux la tête à droite ou à gauche afin d’éviter les chocs tête tête. Autre question sécuritaire lors des duels épaules contre épaules, vous pourrez expliquer comment sauter lors des duels aériens en respectant les règles (ne pas avoir les coudes saillants, impulsion, timming,…).

Comment donner le goût du duel à vos jeunes ?

En Proposant des variables de lutte traditionnelle :

-Sur le nombre (lutte à 2, à 3, à 4)

– Sur la hauteur de lutte (de la lutte au sol, en passant par la lutte à genoux, pour aller vers la lutte debout).

– Sur la forme de lutte (lutte greco- romaine, Sénégalaise, libre, Sumo).

– Sur l’espace (un espace à défendre, à conquérir).

– En utilisant un ballon ou non : L’utilisation d’un ballon de football à protéger permettra de travailler la protection du ballon. Vous pourrez demander à vos joueurs de protéger le ballon à l’arrêt ou protéger un ballon en le mettant en mouvement.


Le coulissement et la couverture défensive (Guardiola, Munich)

Pep Guardiola lors de son passage au Bayern Munich nous offre une situation qui vous permettra de travailler différents domaines :

– la technique : la passe (alternance pied droit – pied gauche) pour une remise en une touche de balle.

– le physique : par les différentes formes de courses spécifiques au football.

– le technico  tactique : avec le travail du coulissement, de la couverture (et a degré moindre le cadrage du porteur de ballon).

Variables pédagogiques

Forme de passe : courte ou moyenne ou longue            au sol ou aérienne

Vitesse de placement / déplacement / replacement : Vous pouvez moduler l’intensité par une cadence de passe plus ou moins rapide. Vouc pouvez travailler suivant le rythme sous forme de footing (pour l’échauffement, le décrassage,…) ou sous forme de sprint.

Longueur de course : vous pouvez demander une couverture, un coulissement dans un petit espace (comme sur la vidéo) ou sur toute la largeur du terrain.

Incertitude : Vous pouvez mettre aucune incertitude en faisant toujours le même circuit de passes mais vous pouvez également mettre beaucoup d’incertitude en alternant la direction et la forme de passes ce qui necessitera une adaptation situationnelle des joueurs. (exemple : le ballon vient vers moi, je sors, je cadre et je remise le ballon. Le ballon va à mon coéquipier à droite, je coulisse, je le couvre puis je me replace).

Nombre de joueurs : de 2 à 5 joueurs sur la même ligne au départ.

Nombre de lignes : une ou deux lignes (défense – milieu).


Le plan de jeu offensif de Guardiola expliqué par T. Henry

Les grands entraîneurs ont (nous l’espérons) un plan de jeu adossé à une philosophie de jeu. Objectivement, que nous l’apprécions ou pas, Pep Guardiola fait parti de ce cercle fermé des grands entraîneurs ayant un fil conducteur dans la façon de faire jouer ses équipes (sur le plan collectif) et ses joueurs (sur le plan individuel).

Thierry Henry, ancien joueur du F.C. Barcelone nous explique la vision de son ancien coach. Il détaille  ce que demande Guardiola à ses aillés. Comme à la grande époque de Guy Roux à l’ A.J. Auxerre (Cocard, Diomède, Vahirua, Kapo, Kalou,…), Guardiola demande à ses aillés de « mordre » la ligne de touche (dans les 2/3 défensif) afin d’écarter au maximum le « bloc-équipe adversaire » pour que les milieux de terrain puissent se placer entre les lignes adverses.

plan de jeu Guardiola

Malheureusement pour les francophones, la vidéo est en Anglais mais après deux lectures vous pouvez comprendre les grandes lignes. Cependant, nous allons reprendre les propos de T. Henry afin de mieux comprendre :

– Placement : Guardiola quadrille le terrain dans la longueur en deux zones par rapport au placement du joueur sur le terrain :

  • si le joueur est dans les 2/3 défensif, celui-ci doit respecter strictement le plan de jeu de Guardiola
  • si le joueur est dans le 1/3 offensif (les 30 derniers mètres) celui-ci est TOTALEMENT LIBRE dans ses démarquages, déplacements, permutations.

Rôle : Dans les 2/3 défensif, les aillés doivent au maximum coller la ligne de touche afin de « libérer l’espace » pour les joueurs axiaux. par conséquents, les arrières latéraux ne peuvent pas dédoubler lorsque l’aillé coéquipier devant eux est dans les 2/3 défensif. Le fait de rester sur le côté permet de se faire oublier par l’équipe adversaire.

Dans le tiers offensif (30 derniers mètres), les aillés peuvent cette fois-ci faire des courses rentrantes afin de libérer l’espace pour la prise de couloir des arrières latéraux. Ainsi, dans les 30 derniers mètres, les aillés sont totalement libres.

Remarques : Lorsque nous écoutons T.Henry, nous pouvons avoir l’impression que la maîtrise, le contrôle des trois joueurs du triangle du milieu de terrain (ici Xavi, Iniesta, Busquets) empêche le jeu des 2 aillés car idéalement (dans le plan de jeu de Guardiola) les aillés doivent être très haut sur le terrain en  évitant de « décrocher » sur le terrain. Facile a dire, difficile à faire contre le Barça mais quoiqu’il arrive cela permet de se poser des questions sur ce que nous attendons de nos joueurs.